Knauf annonce 20 millions de retombée économiques
L’arrondi est généreux puisque l’addition donne plutôt 19,2. Mais étudions cela dans le détail.
Un petit 1 % (200.000 euros) irait aux hôtels, restaurants et autres (snacks?). À 65 euros la chambre d’hôtel, cela correspond à 3000 nuitées, plus de 8 nuitées par jour ; ou 8.000 repas à 25 euros, c’est-à-dire 20 repas par jour. Pour qui ? On ne sait pas. À croire que Knauf va faire de cette usine un pôle touristique.
Un million et demi devrait aller aux impôts. Ce chiffre ne dit pas quel montant reviendrait aux collectivités locales.
Deux millions seraient prévus pour la maintenance externalisée. La sous-traitance a ses avantages…
Sept millions seraient versés en salaires.
Enfin, la plus grosse part du camembert, huit millions et demi d’euros, serait à mettre au profit des « Transports ».
De quels transports est-il question ?
- Du transport du coke et des matières premières vers l’usine ? Il est difficile de croire que Knauf, pour importer du coke – de Pologne ! -, utiliserait des transporteurs routiers français soumis à une concurrence dans laquelle ils partent avec un sérieux handicap.
- De l’expédition de la laine de roche vers les clients ?
Le dossier déposé par Knauf nous informe que 84 camions par jour passeraient sur le site. Ce sont 21.840 de ces véhicules par an. Le coût moyen du transport par camion serait ainsi de 390 euros…
Si Knauf est prompt à intégrer ses transports induits de marchandises dans son bilan économique, il évite soigneusement de les présenter dans son impact environnemental. Rappelons que ce type de transport est responsable de l’émission sur la planète d’un quart des gaz à effet de serre.
Ainsi nous comprenons pourquoi Knauf ne désire pas livrer davantage de détails sur ces millions de retombées qui se transformeront après examen surtout en nouvelles retombées de polluants.
Nous atteignons ici les limites de ces informations « fromagères ».
En plus de cette poignée de chiffres censée sacraliser l’installation de l’usine, Knauf aime à en rajouter en annonçant entre 300 et 400(!) emplois indirects… Et où sont-ils ces emplois ? Tout laisse à penser qu’ils se trouvent dans ce même camembert.
Le calcul de ces fameuses retombées économiques ressemble donc à un joli tour de passe-passe et du coup, le compte n’y est pas.
En présentant l’impact économique de la sorte (retombées économiques + emplois directs + emplois indirects), Knauf embellit le tableau de manière exagérée.
Les 20 millions annuels annoncés ont ainsi fondu en 11 petits millions dont la grosse majorité fera la satisfaction des acteurs du transport routier de la « grande Europe ». Oui, l’essentiel de la contribution de Knauf à l’économie sera de faire circuler sur les routes 21.840 camions par an (à raison de 390 euros par engin).
Les seules retombées certaines sont les centaines de tonnes de polluants qui déverseront chaque jour sur les communes avoisinantes et qui dégraderont la santé de leurs habitants et puis, bien évidemment les larges bénéfices que la multinationale compte engranger en revendant son isolant « bas-prix ».