Contre l’avis défavorable du commissaire enquêteur, le Préfet de l’Aisne délivre un arrêté préfectoral autorisant l’exploitation de l’usine Rockwool. Ci après, l’article de l’association Stop Rockwool :
En publiant le 2 avril 2021 un communiqué de presse, le Préfet de l’Aisne utilise un procédé peu habituel pour informer de la publication de l’arrêté préfectoral autorisant l’installation de Rockwool sur la zone du Plateau à Soissons.
Le Préfet de l’Aisne se prononce pour l’installation de l’usine de laine minérale. Nous apprenons que la DREAL a instruit de façon approfondie ce dossier et a émis un avis favorable après consultation des services concernés. L’avis défavorable du commissaire enquêteur aurait été lui aussi analysé.
Le dossier a été présenté le 23 mars 2021 devant le CODERST qui s’est prononcé favorablement et conduit à la délivrance d’un arrêté en date du 31 mars 2021.
Nous apprenons encore que cette installation serait conforme à la réglementation et qu’elle irait même au-delà des exigences réglementaires sur certains points.
Mais le Préfet de l’Aisne oublie de préciser dans son communiqué, un certain nombre de faits que nous rappelons ici :
- L’avis défavorable du commissaire enquêteur a clos une enquête publique qui a mobilisé un grand nombre d’habitants, de professionnels, d’associations et d’élus, avec des contributions argumentées opposées à 85 %.
- Le mémoire en réponse de Rockwool ne répondait que de façon succincte ou inappropriée aux nombreuses questions et aux arguments contre.
- Des élus et des conseils municipaux se sont prononcés contre.
- La commune de Courmelles a émis un refus de permis de construire à la suite de cette enquête publique et en faisant état d’irrégularités.
- Un collectif de médecins de Soissons a alerté sur les dangers d’émissions atmosphériques cancérigènes, alerte à laquelle n’ont pas été apportées de réponses que ce soit sur les études erronées de diffusion des fumées ou sur les risques sanitaires de polluants identifiés.
- Le CODERST a émis un avis favorable avec une très faible majorité et grâce aux votes des services de l’État alors que les élus et associations se sont prononcés contre.
Le Préfet tire aussi arguments de mesures qui seraient supérieures aux exigences réglementaires en reprenant parfois mot pour mot les annonces publicitaires de l’industriel :
- Les déchets seraient recyclables alors que seuls les déchets de production à l’intérieur de l’usine le sont. Les rapports de la DREAL (les services de l’état) sur le site auvergnat du groupe, démontre que le taux de matières recyclées issues de chantier est seulement de 0,1 %.
- La technologie du four électrique serait novatrice et moins polluante que le four à coke. C’est oublier qu’un four électrique est déjà en fonction à St-Eloy-les-Mines depuis 25 ans ! C’est oublier aussi que la division par 3 des rejets de CO2 ne réduit pas mais augmente les besoins énergétiques de l’usine ! Et que ceux-ci doubleront les besoins du secteur industriel du bassin soissonnais. Les services de la DREAL ont dit lors du CODERST qu’ils ignoraient que l’usine de St-Eloy utilisait déjà cette technologie.
- Il y aurait absence de prélèvement d’eau alors que les consommations annuelles sont annoncées à 95 000 M3/an, tout en sachant que les relevés de pluviométrie pris en compte sont anciens et ne correspondent plus à la pluviométrie constatée depuis 10 ans.
- L’industriel mettrait en place un programme d’autosurveillance comme si cela pouvait compenser les rejets polluants.
- L’industriel aurait recours aux meilleures techniques disponibles mais que seraient les meilleures techniques disponibles en matière d’isolation sinon celles des matériaux biosourcés, techniques dont le développement local est remis en cause par ce soutien à une industrie d’un autre temps.
Le Préfet note aussi l’absence de zone humide alors qu’une flore caractéristique est identifiée dans l’état initial. Le projet serait sans effet sur les zones Natura 2000 mais l’étude omet la présence à proximité de gîtes à chiroptères. Il néglige de la même manière l’effet sur le bruit, sur la circulation ou encore l’impact sanitaire qui serait inexistant.
Le Préfet affirme qu’une instance d’information et de suivi sera mise en place et que l’entreprise constituera un groupe de citoyens sentinelles. Nous nous interrogeons sur la composition de ce groupe et sur sa pertinence alors qu’un groupe spontané de citoyens, riverains et professionnels se sont mobilisés et ont joué un rôle de sentinelles lors de l’enquête publique. Les réserves qui ont alors été exprimées et argumentées sont aujourd’hui balayées d’un revers de main par les services de l’État.
Citoyen.ne.s, nous sommes en droit d’attendre des services de l’État plus d’indépendance et d’esprit d’analyse critique pour préserver l’intérêt public, la santé et l’environnement et promouvoir une économie locale tournée vers l’avenir !