A Bertange : Ménippe ou Guy Noël ?


M. Le Maire de Bertrange n’est pas soucieux de l’avis de ses administrés. Autrement dit, il n’en a rien à faire.

Est-ce normal de refuser la mise à disposition d’une salle pour que la population bertrangeoise soit informée sur les nuisances graves occasionnées par l’installation d’une usine de laine de roche ?

Pourtant d’autres maires des communes environnantes l’ont fait. Pourquoi pas lui ? Ce que nous avons ressenti lundi soir, c’est du mépris à l’égard de la population. Trop habitué à décider en petit comité, M. Le Maire effectue un abus de pouvoir. Il se contente de relire et de répéter ce que ses supérieurs lui ont dicté. Les mots utilisés par l’élu communal sont presque mot pour mot ceux prononcés par le Commissaire enquêteur.

S’il n’a pas pris la parole en tant que Maire pour nous représenter lors de la réunion publique à Illange, le 11 septembre, en revanche il a bien appris la leçon. Est-ce là le rôle du Maire ? Se contenter de lire des textes d’une voix monocorde et de répéter comme le fait le premier mainate venu ?

Nous vous invitons à lire ou relire dans les Caractères de La Bruyère, le chapitre consacré à Ménippe. Vous savez Ménippe ? Mais oui celui qui est accusé de psittacisme (du grec psittakos, perroquet), le psittacisme consiste dans le fait de répéter quelque chose comme un perroquet en raisonnant sans comprendre le sens des mots que l’on utilise, dans une répétition, une récitation mécanique de mots, de phrases, de notions dont le sens n’a pas été compris par celui qui les prononce..

« Ménippe est l’oiseau paré de divers plumages qui ne sont pas à lui : il ne parle pas, il ne sent pas, il répète des sentiments et des discours, se sert même si naturellement de l’esprit des autres qu’il y est le premier trompé, et qu’il croit souvent dire son goût ou expliquer sa pensée lorsqu’il n’est que l’écho de quelqu’un qu’il vient de quitter ; c’est un homme qui est de mise un quart d’heure de suite, qui le moment d’après baisse, dégénère, perd le peu de lustre qu’un peu de mémoire lui donnait et montre la corde.

Lui seul ignore combien il est au-dessous du sublime et de l’héroïque ; et, incapable de savoir jusqu’où l’on peut avoir de l’esprit, il croit naïvement que ce qu’il en a est tout ce que les hommes en sauraient avoir : aussi a-t-il l’air et le maintien de celui qui n’a rien à désirer sur ce chapitre et qui ne porte envie à personne. Il se parle souvent à soi-même et il ne s’en cache pas, ceux qui passent le voient, et qu’il semble toujours prendre un parti ou décider qu’une telle chose est sans réplique.

Si vous le saluez quelquefois, c’est le jeter dans l’embarras de savoir s’il doit rendre le salut ou non, et pendant qu’il délibère vous êtes déjà hors de portée. Sa vanité l’a fait honnête homme, l’a mis au-dessus de lui-même, l’a fait devenir ce qu’il n’était pas : l’on juge en le voyant qu’il n’est occupé que de sa personne, qu’il sait que tout lui sied bien et que sa parure est assortie ; qu’il croit que tous les yeux sont ouverts sur lui et que les hommes se relayent pour le contempler. »

(II, 40 Les Caractères, LA BRUYERE)