Knauf : l’arrangement de trop

Ce 24 juin 2021, le Tribunal Administratif de Strasbourg, requis par des membres de l’association STOP KNAUF ILLANGE après un verdict négatif sur l’arrêté d’autorisation d’exploiter, a annulé le permis de construire modificatif octroyé par le Maire d’Illange à Knauf Insulation. Cette annulation repose sur des faits suffisamment graves pour qu’ils soient sanctionnés par le Tribunal Administratif. De quels faits s’agit-il ?

Knauf a construit son usine au mépris des règles qui lui étaient imparties ; celles prescrites par un permis de construire initial, octroyé dès 2017, avec grande discrétion, tant le secret autour de l’arrivée de cette multinationale des produits du Bâtiment avait été bien gardé.

Des arrangements, l’entreprise Knauf en est coutumière. On se rappelle par exemple de l’arrangement entre fabricants de plaques de plâtre qui leur a valu une amende de plus de 85 millions d’euros. A Illange, Knauf débute en 2018 la construction d’une usine différente de celle autorisée par le permis de construire de 2017 en ne respectant ni l’implantation, ni le plan masse approuvé. L’usine dont la géométrie des bâtiments est modifiée, est construite près de 80 m plus proche des premières habitations et donc aggrave l’exposition des habitants aux rejets atmosphériques et olfactifs qui en résultent ainsi qu’à des nuisances sonores et visuelles.

Personne de ceux qui font partie du Comité de Pilotage du chantier (Les maires des communes avoisinantes, le Conseil départemental, la DREAL, …. ) ne relève les infractions à l’instruction, pire, ils semblent fermer les yeux.

Mais vient pour Knauf la nécessité de régulariser cette situation hasardeuse, car au bout du chantier il y a un certificat de conformité à décrocher. L’industriel introduit alors une demande de permis modificatif. Pourtant, il n’est pas question d’avouer qu’il a, en violation du permis octroyé, rapproché l’usine des habitations ni de s’exposer à une contestation de la régularisation. Knauf a en effet une image de probité à préserver.

Knauf invente donc une permutation anodine des parkings et aires de stockage, et demande un permis de construire modificatif, mais n’évoque pas le déplacement et la modification de l’usine elle-même.

Il glisse en sous-main, dans son dossier les plans de l’usine réellement construite afin de régulariser la situation.

Cette manœuvre n’a pas échappé à la vigilance citoyenne de nos adhérents qui saisissent in extremis, le Tribunal Administratif qui a statué le 24 juin 2021 en annulant le permis modificatif. Il a estimé en effet que les modifications réelles sont d’une importance telle qu’elles justifient une nouvelle demande de permis assortie d’une nouvelle étude d’impact.

Knauf se présente comme un modèle de vertu, avec ses éléments de langage qui émaillent sa communication, tels que : clair, transparent, Menschlichkeit, confiance, rassurant, sécurité…

Ce qui est clair maintenant, c’est que Knauf est capable de tromper l’ensemble de ses interlocuteurs locaux en les berçant de propos rassurants pendant qu’il rapproche clandestinement son usine des habitations. Il est capable de duper le Maire d’Illange en lui faisant signer un permis «arrangé» qui avalise ses entorses aux règles.

Alors que penser de la sincérité de cet industriel qui :

  • ne divulgue pas l’entièreté des mesures de polluants au sortir de ses cheminées, mais seulement des morceaux choisis…
  • a promis une usine plus performante que celle de St Egidien en Allemagne, (usine témoin qu’il a fait visiter aux élus locaux), alors qu’à Illange il crache deux fois plus d’ammoniac qu’à St Egidien.
  • disperse ses montagnes de rebuts de production partout dans la région : Yutz, port d’Illange, Ennery, Metz-Actypôle, et maintenant sur la friche Arcelor Mittal à Gandrange.
  • en l’absence d’une véritable Commission de Suivi de Site à décider par le Préfet, refuse de discuter des modalités d’échange avec les citoyens en se réfugiant derrière un simulacre de réunion d’information, totalement sous son contrôle.
  • a promis de réviser son process industriel en passant à la fusion électrique

Il est donc essentiel de garder une vigilance citoyenne permanente sur la manière dont Knauf exploite son usine, ce dernier jugement du tribunal administratif éclaire sur l’absence de probité de l’industriel et nous espérons que ce jugement décidera le Préfet de la Moselle à créer la Commission de Suivi de Site que nous demandons.