La santé (de l’économie) d’abord.

La crise sanitaire que nous traversons a montré à ceux qui l’ignoraient que dans notre pays, la santé publique a été sacrifiée au profit de l’économie par des allocations de budget en constante diminution depuis plusieurs années, décidées par des gouvernements de tendances théoriquement opposées mais qui tous ont appliqué une austérité à base d’objectifs comptables se traduisant par la diminution du nombre des établissements de santé, des lits, des effectifs, des équipements de soins et de prévention. Cette politique s’est doublée d’une imprévoyance que l’on peut qualifier d’impardonnable puisqu’il est maintenant prouvé que les stocks « stratégiques » de masques, par exemple, n’ont pas été renouvelés depuis 2011 et qu’ils ont même été partiellement détruits jusqu’en mars 2020. Pour couronner le tout, la majorité de l’Assemblée nationale vote un texte exonérant de toute responsabilité ministres, hauts fonctionnaires, élus divers afin qu’il soit impossible aux citoyens victimes et proches de victimes de la pandémie, de demander réparation et justice aux responsables de cette situation.

Les personnels soignants de toutes catégories ont constamment alerté les autorités sur les conséquences prévisibles de ces mesures, et ce depuis plusieurs années, de plus en plus bruyamment et clairement. Rien n’y a fait, celles et ceux que nos dirigeants qualifient maintenant de « héros », étaient il y a quelques semaines encore, matraqués et gazés.

Quel rapport avec l’implantation de Knauf à Illange, direz-vous ? Tout simplement ceci qui n’est qu’un rappel :

L’Agence Régionale de Santé Grand-Est a donné son accord au projet Knauf dès avril 2017. À ce jour, malgré nos demandes et malgré l’avis de la Commission d’Accès aux Documents Administratifs (CADA) favorable à la communication de tous les documents préalables à l’avis de l’ARS, celle-ci ne nous a remis aucun des documents étayant la décision prise, se contentant de confirmer que l’avis donné l’avait été dans les règles. Nous allons donc solliciter à nouveau la CADA pour tenter d’obtenir gain de cause. Nous ne pouvons croire que ces documents préparatoires n’existent pas et que l’avis favorable de l’ARS a été émis comme on établit un acte de routine alors qu’il est question d’une Installation Classée pour la Protection de l’Environnement (ICPE), c’est-à-dire susceptible de causer des dommages à l’environnement dont des dommages à la santé publique.

Nous avons déjà dénoncé ici la conduite de l’enquête publique de l’été-automne 2018 dont le résultat à 80% défavorable au projet Knauf n’a pesé pour rien dans la décision du Préfet de Moselle d’autoriser l’exploitation. Il faut rappeler que le projet avait été avalisé par l’Elysée début 2018 et que son instruction a bénéficié de la procédure d’urgence (« fast track »).

Bref, l’avis des citoyens, qu’ils soient acteurs ou usagers des services de santé, n’est pas pris en compte dans notre pays, malgré les procédures prévues par la réglementation et malgré les déclarations régulières des autorités sur leur souci de préserver et améliorer la santé publique. D’ailleurs le gouvernement saisit l’opportunité de l’état d’urgence sanitaire pour alléger davantage les procédures d’autorisation d’ICPE qui freineraient les initiatives entrepreneuriales. [lien externe]

Seuls les chiffres de productivité, rentabilité, etc. comptent, ceux relatifs aux maladies, affections de longue durée et décès dus à la pollution, aux conditions de travail ou au mauvais état manifeste de notre système de santé étant tout simplement passés au second plan.

Voici également un appel de soignants qui mérite votre attention.

Portez-vous bien !