« Voici pourquoi je ne souhaite pas l’installation de cette usine Knauf à Illange, ni ailleurs. »

Intervention lors de la réunion publique du 11 septembre 2018


Permettez-moi de m’adresser à vous, Monsieur Weiten, ainsi qu’aux autres décideurs, de façon solennelle, sous la forme d’une exhortation, parce que cette affaire est grave.

Voici pourquoi je ne souhaite pas l’installation de cette usine Knauf à Illange, ni ailleurs.

J’évoquerai d’abord cette sorte de romantisme qui veut qu’on exprime de la nostalgie pour les 30 glorieuses, synonymes de plein emploi.

Or, ce plein emploi avait un coût terrible. Vous en souvenez-vous ?

Dans les vallées de la Fensch et de l’Orne, entre Metz et Thionville, on développait, plus que partout ailleurs en France, bronchites chroniques et autres maladies des voies respiratoires dont on mourait, en moyenne plus tôt que partout ailleurs en France, parce que l’air y était pollué.

A cette époque, les gens ignoraient le nom des poisons qu’ils respiraient, ils ignoraient que des produits, comme l’amiante par exemple, étaient des poisons.

Aujourd’hui, tous le savent. Aujourd’hui, tout se sait.

En 1960, le mineur et le sidérurgiste étaient fiers de trimer dans ces conditions insalubres, fiers même de payer un lourd tribut, parce qu’ils pensaient redresser l’économie française. De nos jours, ils ne l’accepteraient plus.

Mais voilà que, avec l’implantation de cette usine Knauff, vous voulez, monsieur le président, mesdames, messieurs, nous renvoyer un demi-siècle en arrière.

Vous supposez peut-être que, sous prétexte d’emplois, nous sommes prêts à avaler n’importe quoi.

Avez-vous donc si peu de respect pour les gens d’ici que vous ayez même laissé commencer les travaux avant l’autorisation préfectorale ?

Car c’est un pari cynique, sur le désespoir des gens, que vous faites-là.

Quel Illangeois, quelle Thionvilloise, voudrait en effet habiter à côté d’une usine aussi polluante que cette usine Knauf, sinon contraints et forcés par la crainte du chômage, de perdre sa maison, de devoir s’éloigner de ses proches ?

Vous-mêmes, le voudriez-vous ?

Avec cela, vous allez encore faciliter le transport automobile vers le Luxembourg, et entretenir une pollution ininterrompue de l’air que nous respirons le long de l’A31, au point que nous soyons parfois contraints à des mesures de restriction, tandis que le SCOTAT de Thionville et de sa région, préconisant une augmentation de la population, impose une large ouverture à la construction, dévoreuse d’espaces naturels, jusque dans le plus petit village, invitant des gens à s’installer dans une pollution qu’ils continueront eux-mêmes d’accroître.

Est-ce un simple rêve de grandeur démographique qui vous anime, monsieur le président, mesdames, messieurs ?

Ou avez-vous jeté l’éponge face à la puissante attraction du Luxembourg, et cédé à ce que vous croyez une fatalité, au point de ramasser ce dont les Luxembourgeois ne veulent pas ?

Non, bien sûr. Vous avez, je le sais, mesdames, messieurs, et Monsieur Weiten, je le sais depuis l’affaire du collège de Volmerange-les-Mines, vous avez le souci de vos électeurs ; de leur bien-être, de leur santé, peut-être, mais de leur bulletin de vote, sûrement.

Alors, avec Knauf à Illange, qu’allez-vous gagner ? 200 voix ? 250 ? Mais combien en avez-vous déjà perdues, et combien en perdriez-vous si retombaient demain les premières émanations toxiques dans les cours des écoles d’Illange, de Bertrange, de Yutz, de Thionville et d’ailleurs ?

A cet égard, vous auriez sans doute avantage à favoriser la création d’emplois dans chaque commune du département (vers Dieuze aussi, par exemple), en aidant au développement des énergies renouvelables, des cultures vivrières, de l’agriculture biologique, de l’économie coopérative, des filières du bois, du télé-travail, de l’artisanat, des alternatives aux technologies polluantes…

Alors, Monsieur Weiten, mesdames, messieurs, pariez plutôt sur la conscience citoyenne de vos électeurs, sur leur désir de vivre avant tout dans un environnement sain.

A moins que Knauf soit un jour blanc comme neige, à moins que pas un gramme, pas une seule molécule de substance toxique ne sorte de cette usine, il sera tout à votre honneur de renoncer à son implantation.

Les Mosellans vous en seront reconnaissants.

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