Point de situation début février 2020

Knauf a déclaré en Préfecture le démarrage de sa production en continu à compter du 1er décembre 2019.

Une inspection de contrôle a été réalisée sur le site par la direction des Installations classées de la DREAL le 5-12-2019 qui a établi un rapport en date du 15 janvier 2020 [fichier PDF]. Ce rapport est à l’origine de l’arrêté préfectoral de mise en demeure du 31 janvier 2020 [fichier PDF].

Pour résumer :

Knauf indique rencontrer de nombreux problèmes de qualité de fabrication générant une masse très importante de rebuts de production. Ceux-ci sont stockés de façon anarchique et contraire aux règles environnementales et sanitaires. Knauf est mis en demeure de remédier rapidement à ce désordre. Ces rebuts ont envahi le site de l’usine, le port d’Illange, le dépôt Transalliance d’Ennery (à découvert) et le magasin de stockage de Proserv à Yutz (à couvert). D’autres adresses en vue ?

La DREAL a effectué une visite du port d’Illange postérieurement à la visite du site et un rapport d’inspection est en cours de rédaction dont nous avons demandé copie lorsqu’il aura été établi.

Comme la société prétend utiliser tous ces rebuts en les recyclant par combustion dans son cubilot, le Préfet enjoint à Knauf de réaliser cette opération pour fin 2020. À suivre.

Il convient de noter qu’à ce jour aucune analyse n’a été produite sur les résultats de la combustion de ces produits issus d’une première combustion auxquels ont été adjoints phénol et formaldéhyde, entre autres. La DREAL ne pouvait traiter cette question qui ne figurait pas en 2017 dans le dossier d’instruction. Par contre, lorsque Knauf a sorti la briqueterie de son chapeau suite à son échec d’implantation à Sanem (Luxembourg), la DREAL aurait dû s’emparer du sujet et exiger de Knauf toutes les données techniques, scientifiques et sanitaires liées au procédé. Elle ne l’a pas fait… Or il n’est pas exclu que ces deux substances, phénol et formaldéhyde, portées à haute température génèrent des dioxines. Le contraire n’est pas exclu non plus, mais nous n’avons aucune réponse claire à cette éventualité que ni Knauf ni la DREAL n’abordent.

D’autre part le rapport de l’Inspection des installations classées, relève que les poussières issues du traitement des fumées contiennent des quantités anormalement élevées d’arsenic, que Knauf ne s’explique pas, malgré sa « maîtrise du procédé » qu’il a constamment revendiquée ici et là. La faille se situe-t-elle dans une mauvaise sélection du coke entrant pour 58% dans l’énergie dont il a besoin ? Rappelons que le soin particulier apporté à la sélection des matières première fait partie des « Meilleures Techniques Disponibles » (MTD) que Knauf a choisi de mettre en œuvre alors que rien n’a jamais été dit et encore moins écrit sur les critères de sélection et les modalités de contrôle de la qualité du coke brûlé.

La DREAL n’a, par ailleurs, toujours pas validé le plan de protection des sols proposé par Knauf en date du 21 septembre 2019, ce qui s’explique aisément par ce qui précède puisqu’en particulier les scories sont posées à même le sol sans aucune protection de celui-ci, avec toutes les conséquences possibles du fait des ruissellements et des vents. Nous pensions que faute de validation Knauf ne pouvait pas produire et commercialiser. Naïfs que nous sommes ! Il n’est pas question pour les autorités d’empêcher le travail de l’argent ! L’environnement attendra un peu (« L’environnement, ça commence à bien faire ! » s’était exclamé un prédécesseur du Président de la République actuel).

Par ailleurs, une source nous indique qu’un début d’incendie (type feu de cheminée) s’est produit il y a peu, après la visite d’inspection du 5 décembre 2019, incendie provoqué par la chute de suies incandescentes au bas de la cheminée du cubilot et endommageant apparemment la tuyauterie d’amenée des gaz en provenance de la centrale de traitement de ceux-ci. Knauf rétorquera probablement que ce genre d’incident est fréquent sur ce type d’installation, ce qui n’est pas infondé en soi, mais si tôt dans une usine si neuve, bijou de technologie s’étant vu attribuer un prix de complaisance « lors de la 14e conférence de l’isolation » comme « meilleure usine de l’année 2019 au monde » ? Nos sincères regrets aux concurrents malheureux de Knauf qui n’ont pas réussi à être aussi meilleurs qu’eux dans le pire ! Tout cela contraste avec le discours knaufien du tout-contrôle-zéro-déchet- totale-maîtrise etc. qui tient plus de la réclame que de l’information.

La DREAL a commencé à répondre aux réclamations envoyées par des riverains de l’usine et les réponses obtenues nous apparaissent comme dilatoires. À peine s’il n’est pas répondu que les réclamations sont des affabulations ; c’est du moins le ressenti des riverains concernés.

Le Préfet refuse de créer une Commission de Suivi de Site comme il en a pourtant la prérogative, sous prétexte que Knauf s’est engagé à organiser un Comité de suivi. La belle affaire ! Après l’auto-contrôle dont on peut à bon droit craindre les dérives (cf. Surdulica en Serbie), l’auto-suivi : nous suggérons une Amicale des Amis de Knauf animée par l’AICNI et autres Go Knauf, cela devrait faire l’affaire autour d’un dîner dansant cet été. Nous n’avions probablement pas compris la notion de suivi qui devient ainsi compréhensible avec Knauf dont il nous est demandé – façon Henri IV – de se rallier à son panache « blanc ».