« Explication de texte » des propos de Mark Leverton (Knauf Insulation Europe de l’Ouest) dans La Semaine du 30 janvier 2020.
Knauf et Alain Rysman, directeur de l’usine d’Illange se sont séparés, en toute Menschlichkeit, de façon « un peu mutuelle » : l’euphémisme de l’accord ainsi formulé prête à sourire, ce que nous faisons sans retenue aucune !
« Nos produits ont commencé à être commercialisés. Ils partent principalement vers les marchés allemands et français. (….). Nous sommes en pleine montée en puissance. Mais ce qui nous a bloqués, ce sont les nombreuses certifications à obtenir, particulièrement en France, pour permettre à nos produits d’être commercialisés. Un test de réaction peut, par exemple, durer trois mois. Certaines de ces certifications nous manquent encore pour des gammes de laine de roche. »
M. Leverton aurait pu ajouter que la DREAL est toujours occupée à l’instruction du plan de protection des sols que Knauf a remis en retard et a dû par la suite compléter car il n’était pas conforme aux prescriptions du règlement européen MRR 601/212 du 21 juin 2012 (courrier du 4-11-2020 de la Préfecture à Stop Knauf Illange). La Préfecture nous a indiqué il y a quelques jours que ce plan est toujours en phase d’instruction et qu’il n’est donc pas validé par la DREAL. Il nous semble donc surprenant que Knauf puisse déjà commercialiser sa production, ou alors hors UE (éventuellement).
« Je ne m’en cache pas, nos équipes se sont focalisées sur la stabilisation de la ligne de production en novembre et en décembre. Cette période n’a pas été facile, et nous avons généré beaucoup plus de produits non-commercialisables que prévu. »
C’est le moins que l’on puisse dire ! M. Leverton ne précise pas si la briqueterie est enfin opérationnelle. Elle ne l’était pas en décembre 2019 ni même début janvier 2020. Nous n’oublions pas que les communes de Sanem et Differdange (Luxembourg) avaient pointé les 4.000 tonnes de déchets de production annoncés par Knauf qui ne pouvait répondre ni où ni comment il comptait les recycler ou les traiter dans la Grande région qui ne dispose pas de filière ad hoc. D’où la briqueterie sortie d’un chapeau à Illange. À noter également que le descriptif complet et détaillé de celle-ci ne figure pas, et pour cause, dans les documents soumis aux autorités en 2017 et 2018 pour l’instruction du dossier ICPE. Si la briqueterie apparaît bien dans le dossier d’instruction et dans les réponses complémentaires de Knauf, aucun document ne précise les éventuelles conséquences sur la qualité de l’air ambiant de la combustion à 1400° de produits contenant entre autres du phénol et du formaldéhyde et générant des émissions de « vapeur d’eau » dont nous avons commencé à douter de la propreté.
« Plutôt que les placer en décharge, nous souhaitons les recycler. Par contre, ils n’ont pas été bien rangés. Nous l’avons constaté avant les fêtes, et y avons remédié en débutant un plan de nettoyage qui correspond mieux au standard de notre groupe. Ce qui est certain, c’est que tous ces produits seront recyclés, parce que nous en avons la capacité et que ce procédé est aussi écologique qu’économique pour nous ».
Pour être mal rangés, ils sont mal rangés ! Les photos le montrent clairement. D’ailleurs peut-on, à la vue de ces empilements anarchiques, parler de rangement ?
Et il y en a partout : sur le site, au port d’Illange et maintenant Knauf en est réduit à mendier des entrepôts auprès de sociétés « amies » dans le Thionvillois. Nul doute que celles-ci feront jouer une solidarité intéressée contre bonne monnaie évidemment, monnaie sonnante et trébuchante dont Knauf ne manque pas, pas plus que de rebuts mal rangés !
« Jusqu’à maintenant, il y avait un comité de pilotage réunissant notamment des élus locaux et certaines associations environnementales. Cette instance arrive à sa fin avec notre mise en route, nous réfléchissons encore à la meilleure manière de continuer à communiquer. C’est notre intention mais pas forcément sous la forme d’un comité de suivi, qui n’est pas une obligation légale ».
Le COPIL évoqué par M. Leverton est un comité de pilotage dont les participants figurent dans le document ci-dessous. Il a eu pour rôle de coordonner les efforts techniques, financiers, médiatiques accompagnant la décision d’imposer l’usine à la population malgré tous les défauts du projet. Ses réunions donnent lieu à des comptes rendus, non publics et réservés aux participants et affiliés, dont cependant la teneur et quelquefois le texte nous parviennent. Quand M. Leverton parle de « continuer à mieux communiquer », il ne peut faire référence au COPIL qui n’a jamais communiqué en dehors de ses membres !
Enfin, au sujet du comité de suivi, pouvons-nous rappeler à M. Leverton que c’est Knauf qui en a fait grand cas au cours de l’enquête publique et que ce comité a été applaudi par le commissaire-enquêteur à plusieurs reprises dans son rapport du 5 novembre 2018 ! Et il nous dit maintenant que Knauf réfléchit car ce n’est pas une obligation légale ! Personne n’a dit le contraire, surtout pas nous qui demandions simplement si cette annonce de Knauf s’était traduite dans un début de réalité : la réponse est clairement négative. Monsieur le Commissaire-enquêteur se serait-il laissé duper ?
« Ces données sont envoyées à la Dreal, qui nous a déjà inspectés à de nombreuses reprises ».
Ou M. Leverton joue sur les mots ou il ne dit pas la vérité. En effet, l’Inspection des Installations a effectué à notre connaissance deux inspections : en 2018 avant l’arrêté préfectoral d’autorisation d’exploitation du 21-12-2018 et en décembre 2019, mais il est vrai que la Préfecture ne communique pas tout, qu’il faut insister et qu’elle répond avec un retard conséquent. Il est vraisemblable que les autorités se sont rendues plusieurs fois sur place ; était-ce véritablement des « contrôles » au sens où les textes les prévoient ? Nous en doutons fortement.
Il est vrai qu’une autre visite a eu lieu à une date non précisée par les autorités suite à l’alerte que nous leur avions adressée pour vérifier la réalité du « rangement » des produits non conformes sur le site de l’usine et sur le port d’Illange.
De là à parler de « nombreux contrôles »… ?
Menschlichkeit* : terme qui « ne se traduit pas. C’est une sorte d’humanisme à l’allemande. Rien à voir avec le paternalisme à la Dassault » Jean-Claude Carlin, PDG du groupe. (Source : RL du 20 juin 2018 « Le retour du haut-fourneau » Auteur : Philippe Marque)...
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