Le droit de grève : un droit à valeur constitutionnelle

Alors que le vernis tout neuf de l’usine « exemplaire » continue de se craqueler un peu plus chaque jour, il nous apparaît pertinent de rappeler les conditions qui permettent l’exercice du droit de grève par les salariés d’une entreprise comme Knauf Illange.

Plus d’information dans ce document édité par un syndicat.

Et pour résumer :

Tout salarié peut faire grève, mais en respectant certaines conditions. Dans une entreprise, en l’absence d’un mot d’ordre national ou professionnel, il faut donc qu’au moins 2 salariés se mettent en grève en même temps.

Le droit de grève est une liberté individuelle, garantie par la loi. En dehors des policiers et des militaires, tout salarié, syndiqué ou non, a le droit de faire grève. Aucun employeur ne peut empêcher un-e salarié-e de faire grève, aucun employeur ne peut sanctionner un salarié pour avoir utilisé le droit de défendre ses intérêts !

Si la grève suppose l’existence de revendications professionnelles, aucune condition n’est fixée quant à la manière dont elles ont à être communiquées à l’employeur :

– Ainsi, à l’exception des secteurs soumis à préavis, l’absence de toute formalité préalable obligatoire conduit donc à la validité des grèves surprises.
– Une grève ne saurait perdre son caractère licite du fait qu’elle n’a pas été précédée d’un avertissement ou d’une tentative de conciliation.

Aucun document écrit ne peut être exigé de la part de votre employeur.

À faire valoir à ceux qui jugeraient certains débrayages illicites.

Les informations de l’été 2020

L’épidémie de Covid19 a fortement modifié nos vies sur tous les plans : individuel, collectif, social, professionnel, économique, culturel.

La période de deux mois de confinement décidé au printemps par les autorités a eu pour effet, entre autres, de distendre le lien social et de compliquer le fonctionnement de toutes les structures collectives au travail, dans les commerces et industries, dans les collectivités locales et, pour ce qui nous concerne plus particulièrement, les associations de citoyens, la nôtre en particulier, qui a dû repousser à septembre ou octobre l’Assemblée générale prévue le 26 mars.

C’est peu de dire que nous n’avons pas retrouvé nos pratiques d’avant cette crise sanitaire et que nous ignorons à ce jour si et quand nous reviendrons à la situation « d’avant ».

Dans le même temps l’usine Knauf d’Illange a dû cesser son activité de fin mars à début juin. Depuis sa reprise d’activité dans la semaine du 8 juin, nous constatons que Knauf ne semble pas non plus avoir retrouvé une situation normale : moins d’émissions de fumées diurnes, mais des émissions nocturnes de fumées sont régulièrement observées ainsi que des odeurs et des bruits métalliques (trémies ?), toujours de nuit ; l’énorme stock de produits non conformes ne semble pas avoir diminué, au port d’Illange entre autres.

Malgré le souci de transparence constamment rabâché par les dirigeants de l’usine et du groupe, Knauf ne livre aucune information à la population. Nous ne savons pas si l’usine tourne à 25%, 50%, ou autre pourcentage de sa capacité.

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Poumon Vert et Poumon Noir

Fidèles au rendez-vous les membres des associations Oinoleboso et Stop Knauf Illange se retrouvent ce dimanche 26 juillet près des aires de pique-nique à l’Aéroparc de Yutz. Comme dimanche 12 juillet on les entend chanter au son des guitares et si on s’approche un peu, les paroles surgissent. Ces textes évoquent la lutte engagée depuis deux ans contre l’usine de laine de roche, contre les mensonges, le mépris et le laxisme dont font preuve les autorités qui laissent faire, peu soucieuses de la santé de leurs administrés.

Ils sont tenaces ces participants, et convaincants. Le thème choisi est celui du Poumon Vert et Poumon Noir. Il se décline dans les différents stands par les couleurs, les accessoires, les décorations. Petit à petit les quelques stands se remplissent, les dialogues s’installent avec des promeneurs surpris de voir les pancartes et les jeux proposés, le tout dans une ambiance de kermesse. Une mini-kermesse, en fait avec peu de moyens mais beaucoup d’imagination : des craies sont à la disposition du public, des affiches aussi pour clamer haut et fort que le droit de respirer un air pur est légitime. On ne doit pas se tromper de combat et croire que le coronavirus est responsable de tous les maux

La pollution atmosphérique est aussi voire plus dangereuse que le VIH, l’Ebola, la COVID-19 et toutes les guerres réunies, selon François Reeves, professeur en Santé environnementale à la Faculté de médecine de l’Université de Montréal.

Du côté de chez Knauf

C’est sous un soleil radieux, dans le cadre privilégié de l’Aéroparc de Yutz que les Oinoleboso, les SKI, se sont retrouvés pour exprimer leur désapprobation et leur colère face à la cheminée de l’usine Knauf qui nargue la population. Ensemble, devant un public chaleureux, au milieu des barbecues, ils ont entonné leurs chants en prévision des représentations futures qui auront lieu à la rentrée. Leurs slogans se lisaient sur des pancartes : « Ne touchez plus à rien. Allez-vous en ! » Ce message adressé à Knauf est clair. Les associations locales ne lâchent pas l’affaire, le combat continue. Nous continuons à dénoncer cette monstruosité que représente l’usine à poison. « Ils amassent des profits ; nous luttons pour nos vies ».

Nous joignons  cette chanson, désormais célèbre, écrite par les Oinoleboso que nous remercions :

Du côté de chez Knauf
(Petit vin blanc, 19-10-19, atelier Oinoso : Josiane, Patricia, Frédéric, René, Christine, Pinar Sélek, Escale, Gueulard Bar.)

Quand vous ouvrez les portes
Vous recevez plein d'choses
Dans la tronch', dans la « schnesse »
Du côté de chez Knauf....

Et puis, sans faire semblant,
Un air d'oxyde de souffre
Nous pouss' à la résistance en chantant, en
luttant, en GUEULANT, en HURLANT
Du côté, du côté, de chez Knauf...

Le jour où Knauf a effectué une frappe chimique sur Surdulica

Traduction de cet article.

Mercredi, 8 juillet 2020

Il y a un an survenait une explosion dans l’usine Knauf, mettant en danger le personnel et occasionnant une pollution atmosphérique importante avec un impact négatif sur l’environnement. Un an après nous n’avons aucune connaissance des vraies conséquences de cette explosion ni de ses origines, les autorités sont muettes, le public est silencieux, les médias refusent de parler de l’incident et de ses suites.

Nous avions vainement interrogé le ministère de la Protection de l’environnement, et après le mécontentement et l’inquiétude exprimés par les autorités locales, l’industriel avait conclu, à peine quatre heures après l’incident, qu’aucun impact négatif n’avait été observé dans l’environnement ! Point.

Plus tard dans l’année, nous avions convenu d’une visite à Surdulica du président de l’association française  « Stop Knauf Illange» et échangé nos expériences à propos des nuisances créées par Knauf à Illange et Surdulica. 

Nous regrettons qu’ici, à part l’association  «Breathe Deep» (Respire profondément, NdT) et quelques habitants motivés, personne ne mette jamais le sujet Knauf dans le débat public.

Nous avons également lancé une procédure devant le « Protecteur des citoyens » et venons d’envoyer nos remarques et objections en réponse à l’étude récemment réalisée et publiée par les experts de l’industriel.

Enfin nous avons interpellé les inspecteurs de la République et signalé toutes les irrégularités concernant le fonctionnement de l’usine.

Nous avertissons encore une fois la population de Surdulica des conséquences négatives pouvant survenir en raison de la pollution continue créée par l’usine Knauf de Belo Polje comme du risque de nouvelles explosions pouvant affecter une zone plus large autour du site.

Nous soulignons en dernier lieu qu’en raison de l’irresponsabilité et de la passivité des institutions et autorités compétentes, d’énormes dommages ont été causés à notre écosystème et que la santé de la population est considérablement compromise.

Rassemblement du 14 juin

Nous avons pu échanger avec les habitants présents dans le centre de Thionville, place Grommerch, ce dimanche après midi et c’est en chansons que les membres des différents collectifs (certains venus de loin et nous les remercions vivement) ont attiré l’attention de nombreux passants.

« Je suis vert, vert, vert,
Je suis vert de colère
Contre ces pauv’ typ’s
Qui bousillent la terre »

Loin de renoncer, les groupes soutenus et aidés par des chorales ont enchainé les chansons originales ou adaptées à la cause qu’ils défendent. Peu nombreux au départ, voilà que ces militants de différentes chorales et associations comme le précise la personne au micro, sont rejoints par des riverains qui applaudissent, visiblement contents d’apprendre que la lutte continue, qu’elle n’a jamais cessé et qu’elle n’est pas confinée. On sent bien la détermination de tous ces gens qui s’expriment pacifiquement mais dont les mots résonnent comme un cri de rage :

« À ton charbon on préfère nos poumons
Pauvres cons… ciences
À ton pognon on préfère nos poumons
Pauvres cons… ciences
À tes combin’s on préfère nos gamin’s
Knauf Machine
À ton turbin on préfère nos gamins,
Assassin ! »

« Pas d’observation » …

Inutile de nous le demander, cela se sent, cela se voit, cela s’entend, l’usine Knauf a repris son activité… ou a bien tenté de la reprendre, si on considère qu’on ne sait pas vraiment si elle n’a jamais produit quoi que ce soit de commercialisable !

En effet, mercredi 10 juin à 20h, une fumée noire et dense, s’élevait dans le ciel illangeois. Elle avait presque réussi à se faire oublier cette usine à charbon malgré sa cheminée imposante visible à des kilomètres à la ronde…

Ah ces beaux experts de la production de laine de roche qui, du sommet de leur art, nous ont vendu une usine exemplaire pour fabriquer un matériau qui ne le serait pas moins et dont nous aurions taaaaant besoin !

Issue de la toute dernière « innovation » de la fin du dix-neuvième siècle… on sait que la laine de roche est tout sauf révolutionnaire et loin d’être propre. Mais si ça peut être produit « pas-cher », qu’importe la pollution pourvu qu’il y ait l’ivresse… des bénéfices.

Mais trêve de sarcasmes, cette usine pollue et c’est notre responsabilité de citoyen, habitant du secteur, de poursuivre notre action de vigilance active et offensive pour le bien-être de tous.

Cette vigilance, c’est aussi la mission de l’État notamment à travers les services de l’Inspection des installations classées. Et leur dernier rapport suite à une visite du 26 mai 2020 se veut rassurant : « les constats ne suscitent pas d’observation. »

Pourtant, la lecture de ce rapport appelle quelques remarques sérieuses :

  • la vitesse de l’émissaire E1 n’est pas respectée,
  • la mesure des amides en sortie de E5 est défectueuse,
  • la surveillance des émissaires E6 à E14 n’a pas été réalisée malgré l’engagement de l’exploitant.
  • La concentration trop élevée d’arsenic dans les poussières de traitement de fumée du cubilot et son caractère dangereux ne sont pas expliqués mais rassurez vous, le site de St Egidien découvre qu’il produit la même concentration d’arsenic ! C’est pas comme si cette usine allemande tournait depuis 10 ans, hein !

Mais… c’est pas grave, l’État veille.

Le même « État » qui s’occupe de la catastrophe de Lubrizol, pourriez-vous vous interroger à la lecture de l’article ci-dessous publié en première page du Canard Enchainé du 10 juin 2010 ?

Quelle chance que le site ne soit pas classé Seveso, non ?

Mais… si les sites Seveso (et les conséquences d’un accident) sont traités de la sorte, que pourrait-on imaginer des sites plus petits comme celui de Knauf à Illange où l’exploitant ne tient pas les engagements qu’il prend devant l’Inspection ?

Brésil : la pandémie a un impact considérable sur les communautés touchées par la pollution industrielle

Quels rapports entre ces communautés d’Amazonie et la population qui refuse le redémarrage de l’usine dégueulasse Knauf ? Nous sommes une région industrielle qui souffre d’une pollution maximale (voir le classement de la Moselle concernant la pollution de l’air). Tout ce qui vient s’y rajouter aggrave cette situation. Face à cela des personnes refusent de baisser les bras, ici et là-bas au Brésil.

La santé (de l’économie) d’abord.

La crise sanitaire que nous traversons a montré à ceux qui l’ignoraient que dans notre pays, la santé publique a été sacrifiée au profit de l’économie par des allocations de budget en constante diminution depuis plusieurs années, décidées par des gouvernements de tendances théoriquement opposées mais qui tous ont appliqué une austérité à base d’objectifs comptables se traduisant par la diminution du nombre des établissements de santé, des lits, des effectifs, des équipements de soins et de prévention. Cette politique s’est doublée d’une imprévoyance que l’on peut qualifier d’impardonnable puisqu’il est maintenant prouvé que les stocks « stratégiques » de masques, par exemple, n’ont pas été renouvelés depuis 2011 et qu’ils ont même été partiellement détruits jusqu’en mars 2020. Pour couronner le tout, la majorité de l’Assemblée nationale vote un texte exonérant de toute responsabilité ministres, hauts fonctionnaires, élus divers afin qu’il soit impossible aux citoyens victimes et proches de victimes de la pandémie, de demander réparation et justice aux responsables de cette situation.

Les personnels soignants de toutes catégories ont constamment alerté les autorités sur les conséquences prévisibles de ces mesures, et ce depuis plusieurs années, de plus en plus bruyamment et clairement. Rien n’y a fait, celles et ceux que nos dirigeants qualifient maintenant de « héros », étaient il y a quelques semaines encore, matraqués et gazés.

Quel rapport avec l’implantation de Knauf à Illange, direz-vous ? Tout simplement ceci qui n’est qu’un rappel :

L’Agence Régionale de Santé Grand-Est a donné son accord au projet Knauf dès avril 2017. À ce jour, malgré nos demandes et malgré l’avis de la Commission d’Accès aux Documents Administratifs (CADA) favorable à la communication de tous les documents préalables à l’avis de l’ARS, celle-ci ne nous a remis aucun des documents étayant la décision prise, se contentant de confirmer que l’avis donné l’avait été dans les règles. Nous allons donc solliciter à nouveau la CADA pour tenter d’obtenir gain de cause. Nous ne pouvons croire que ces documents préparatoires n’existent pas et que l’avis favorable de l’ARS a été émis comme on établit un acte de routine alors qu’il est question d’une Installation Classée pour la Protection de l’Environnement (ICPE), c’est-à-dire susceptible de causer des dommages à l’environnement dont des dommages à la santé publique.

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Covid-19 à Surdulica

A ce jour il n’y a pas de confinement total de la population en Serbie. Les personnes âgées de plus de 65 ans ou 70 ans dans les campagnes doivent s’auto-isoler et rester chez elles. Les autres peuvent aller travailler en respectant les « gestes-barrière » ou télétravailler si leur métier et leur employeur le leur permettent. (*Cf. avis de l’ambassade de France à Belgrade en fin de billet)

Selon nos sources sur place, chez Knauf Insulation à Surdulica, certains (dont les dirigeants) télétravaillent mais les ouvriers eux, hommes et femmes vont à l’usine.

Synthèse des billets du blog « J’adore Surdulica – Volim Surdulicu » des 4 et 7 avril 2020

« L’Institut de santé publique de Vranje a annoncé le 29 mars 2020 que 9 personnes de Surdulica étaient positives au coronavirus. Il a fallu 5 jours pour apprendre le 4 avril 2020 que 4 nouveaux cas de Covid-19 ont été constatés dans la ville. 

Des « informations » officieuses circulent selon lesquelles une dizaine de personnes est emmenée quotidiennement à l’hôpital de Vranje pour être soignées dans le service d’infectiologie. D’autres bruits évoquent des transferts à l’hôpital de Niš. Ces rumeurs n’étant pas vérifiées, nous ne spéculons pas sur leur bien-fondé. 

Le nombre de personnes mises en quarantaine car elles ont été au contact des personnes malades,  croît régulièrement, ce qui suppose l’augmentation de cas avérés d’infection par le virus. Le nombre officiel de personnes en confinement s’élève à 165 au 7 avril 2020.

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